JEAN-CHARLES FABIANI
« L’œil du Peintre et celui de l’enfant »
« entre les provocations salutaires d’Andy Wahrol et la simplicité impatiente d’Hergé ; Jean-Charles Fabiani réinvente un monde qui vous plait, un sentiment de sérénité »
Il arrive que l’on ressente des impressions étranges lorsque l’on visite une exposition : certains tableaux vous parlent, d’autres vous enchantent, d’autres enfin vous laissent sans voix. Ce dialogue rare, qui s’instaure de manière soudaine et impérieuse, nous devons l’accepter toutes affaires cessantes et en goûter l’entier sel, sauf à le regretter à jamais ! De tels moments d’exception, la peinture de Jean-charles Fabiani vous permet de les vivre, et, si vous le voulez, de les developper. N’ayez crainte, sa peinture est de celles qui savent vous tenir par la main sans que vous ayez, pas même un instant, l’idée d’adandonner l’échange qu’elles vous proposent sur tous les tons et dans toutes les nuances.
Que détailler en premier dans ses tableaux ? Le trait, ferme, décisif, définitif ? La couleur, dessinatrice, si évidente, qui fait chanter vos sens ? La composition, qui vous comble et satisfait, comme ça, tout simplement, d’un seul coup d’un seul, votre vision de l’univers ? Difficile de dire ce qui chez cet artiste vous attire tant et vous retient tout autant, si ce n’est que sa manière de réinventer le monde vous plait, et vous tient en quelque sorte par la barbichette sans que vous puissiez la quitter des yeux. Qu’ajouter alors ? Quelle explication trouver à cette jubilation qui vous prend devant ses œuvres, à cette satisfaction profonde qui vous envahit, à cette certitude que vous êtes en train de partager un moment privilégié ?
L’Histoire de l’Art permet certes de mettre des mots sur les techniques utilisées. Notre artiste s’inscrit dans cette évolution de l’art du Vingtième siècle que l’on appelle le Pop-Art . Un art qui paraît des plus simple, qui se contente de contours précis, de thèmes considérés comme banals, et n’hésite pas à affronter le choc des couleurs en applats. Un art qui semble presque innocent et est pourtant des plus complexes, car rien ne peut y être improvisé, sous peine de catastrophe. Fabiani insère quant à lui sa technique picturale académiquement parfaite ente le Pop-Art et la Ligne Claire chère à nos illustrateurs belges, entre les provocations salutaires d’Andy Wahrol et la simplicité impatiente d’Hergé, entre l’œil du Peintre et celui de l’enfant. Il participe sans nul doute de l’exigence terrible de ces deux derniers personnages qui n’ont de cesse, l’un comme l’autre, de recréer le monde, et ont tellement raison dans leur orgueilleuse démarche. Qui sommes- nous en effet, pauvres humains de peu de foi, pour nous contenter du monde tel qu’il est ?
Ceci dit, vous ne comprenez toujours pas pourquoi vous ne quittez plus des yeux ce paysage provençal parfait dans ses proportions et le choix de ses nuances, cette vue tellement satisfaisante d’un village du Cap Corse entre mer et montagne, ces coquelicots immensemment voluptueux, ces personnages tranquilles et si contents dans leurs vêtements colorés ou si sereins, même – et surtout – sans vêtements, ces allégories rêveuses qui vous entraînent si loin, ces références à l’Extrême-Orient qui vous interrogent calmement. Et pourquoi ces marines, certaines évoquant en une telle économie de traits la montagne, la mer et le bateau qu’elles en deviennent presque abstraites, vous procurent-elles ce sentiment de sérénité ?
Laissez-moi vous dévoiler une partie du secret : cette fascination trouve sa source dans la maîtrise de la main de l’artiste, dans la sureté de ses choix de composition et de couleurs, dans la perfection de sa technique. Et voici l’autre partie : ce qui vous porte vers l’œuvre, qui vous transporte, naît de la conviction d’un lent travail de maturation de l’artiste. C’est la conviction que celui-ci doute pour vous, fait les choix pour vous, et vous évite ainsi une démarche compliquée dans le maquis pour ne vous offrir que le Beau. Tout simplement. Son dessin limpide, l’harmonie de ses couleurs pourtant violemment confrontées, ses audaces, pour avoir été mûrement réfléchies et minutieusement maîtrisées, vous convainquent d’emblée. Vient alors la certitude que son prochain tableau , sa prochaine exposition, sauront vous emmener, ailleurs et toujours, vers le Beau, et donc le vrai. Cette certitude, qui vivifie chaque rencontre, installe une relation de confiance et exacerbe la curiosité. La peinture de jean-Charles Fabiani rend le spectateur à la foi pensif et heureux. Quelle réussite !
Jacques Stoll, critique d’Art.
A PROPOS DE JEAN-CHARLES FABIANI
Aller au-delà de l’apparence c’est, en toutes choses, éviter de se restreindre à ce que l’on veut bien vous donner à voir.
Il ne manque certes pas, en Corse, de peintres au talent établi, réalisant des œuvres de bonne facture, aux attraits certains. Leur art manque cependant souvent, à mes yeux, de cette grâce qui attire l’œil et qui fait que l’on pressent, à côtoyer leur peinture, que celle-ci ne nous décevra jamais.
J’ai donc fait confiance au hasard, celui qui sait si bien provoquer les rencontres, et je n’ai pas été déçu.
C’est à travers un article de presse, au printemps 2004, que l’art de Jean-Charles Fabiani m’est apparu. Dès notre première rencontre à Corte, je me suis retrouvé invité dans son atelier et à sa table, tout la haut, là-bas, à Mazzola. Et j’y suis retourné souvent, dans ce Bozziu si attachant où, depuis la terrasse de sa maison, la vue sur les montagnes est époustouflante.
La peinture de Jean-Charles Fabiani, ce sont des couleurs franches, et une grande simplicité du trait. C’est la joie de peindre. Je sais les tourments de l’artiste, les questions qu’il se pose. Au final, sur la toile, c’est pourtant la joie de peindre qui seule transparaît. La grâce dont je parlais plus haut…
Je possède plusieurs œuvres de cet artiste. Elles m’accompagnent dans mes pérégrinations. Certaines m’attendent chez moi en Alsace, et je suis ravi de les « revoir » lorsque j’y pose mes valises. D’autres m’ont accompagné en Bretagne, où je réside actuellement, et je les côtoie donc au quotidien.
Mais quel que soit l’endroit où elles se trouvent, chacune d’elle a su, comme prévu, se rendre indispensable…
Brest, le 14 mars 2009
Jacques Stoll, critique d’art